N’écoutez pas la Sphinx

Connaître l’avenir, c’est déjà voyager dans le temps, sans avoir besoin de se déplacer.

À l’intérieur d’une grotte, Oedipe nu pointe un doigt vers le sphinx, vu de profil.
Œdipe explique l’énigme du sphinx, école d’Ingres, 1808 (Louvre), détail.

Connaître l’avenir, c’est déjà voyager dans le temps, sans avoir besoin de se déplacer. L’information le fait à notre place et vient à nous par l’intermédiaire d’un oracle possédé par le dieu qui s’exprime à travers lui, comme la Pythie, oracle du temple d’Apollon à Delphes.

Les oracles défavorables, s’ils sont reconnus comme tels (au lieu d’être pris pour les extravagances d’un fou), fonctionnent comme des prophéties autoréalisatrices. C’est leur paradoxe : croire un oracle défavorable (et – fou ! – tenter d’y échapper), c’est déclencher la catastrophe même qui avait été prédite. Pensant s’en éloigner, on ne fait que se précipiter dedans. Et la boucle du temps se referme sur l’imprudent.