Mutisme & confidence

Pourquoi les personnages mutiques font de bons héros (d’autant plus s’ils sont tiraillés par l’envie de se confier).

Plan rapproché de Brad Pitt portant sa combinaison d’astronaute.
Brad Pitt dans Ad Astra de James Gray.

J’éprouve, vous l’aviez peut-être deviné, la plus grande difficulté à me confier. De là le recours à l’écrit et le détour par la fiction pour tenter… quoi ? de m’exprimer ? Je crois que la littérature vaut mieux que ça, qu’elle dépasse la confidence, pour l’écrivain, ou le passe-temps, pour le lecteur. Il s’agit avant tout de communier.

De là aussi mon attrait pour les héros mutiques, comme me le rappelle la bande originale d’Ad Astra, composée par Max Richter, que j’écoute en ce moment, ou les traits d’esprit élusifs d’un Sebastian Knight dont Nabokov a écrit La Vraie Vie. Dans le film de James Gray, le protagoniste incarné par Brad Pitt est un taiseux – et j’aurais préféré que la voix off par moments explicative disparaisse dans le vide intersidéral pour parachever la réclusion de l’astronaute dans son scaphandre. Mais le besoin de se confier, trop longtemps réprimé, était sans doute plus fort que le vide. Dommage ; un silence réveille l’imagination.

Je crois que tout personnage doit être mû par au moins une paire de valeurs contradictoires, qui le soumette à un tiraillement intérieur grâce auquel on tient une histoire. Comme thème du bœuf de ce week-end, je vous propose donc « Mutisme & confidence ».

Rappel de la consigne

Le bœuf est un exercice d’improvisation littéraire réservé aux membres du Club Contreforme. Vous avez 48 heures (soit jusqu’au dimanche 10 avril, 19 h UTC+2) pour improviser jusqu’à 250 mots de prose narrative en respectant la contrainte donnée. Vous transmettrez sur le serveur Discord du Club (salon #2022-avril) un lien vers un fichier Google Docs configuré en mode partage / commentateur. Je lirai chaque contribution et la commenterai lors du prochain salon du Club (jeudi 14 avril à partir de 21 h).

Rappel de la lecture du mois

Nous lirons ce mois-ci, pour le salon du 28 avril, La Garde blanche, de Mikhaïl Boulgakov.